Nouria Mérah-Benida, une championne olympique intimement liée à Saint-Etienne
Publié : 14 mars 2023 à 9h35 par Nicolas Georgeault
Nouria Merah-Benida est championne olympique à Sidney en 2000
Crédit : Jeux méditerranéens
L’algérienne Nouria Mérah-Benida rend visite au club stéphanois du coquelicot 42 ce mercredi. Un club où elle était licenciée en 2000 lorsqu’elle est devenue championne olympique du 1500 mètres. Elle est revenue sur sa carrière pour Activ Radio.
Saint-Etienne, une ville importante pour elle
« Saint-Etienne m’a beaucoup donné » raconte Nouria Mérah-Benida. Revenir aujourd’hui dans le club d’athlétisme du Coquelicot 42 où elle passé sept ans « est une reconnaissance. » A l’origine « j’avais une copine qui s’entrainait avec moi aux Etats-Unis, et elle est du Coquelicot et c’est comme ça que je me suis retrouvé au Coquelicot » rembobine-t-elle.
A Saint-Etienne, elle prépare durant ses années professionnelles les courses de la saison grâce aux nombreuses infrastructures « et surtout la qualité des infrastructures, on évite beaucoup de blessures » souligne-t-elle. Une qualité d’entrainement couplée à une proximité avec l’Europe où se déroule la plupart des compétitons (hors championnats internationaux) : « j’ai préparé tous mes meetings à Saint-Etienne » confie-t-elle.
La sprinteuse devenue demi-fondeuse
Pour mieux comprendre ce qui l’a mené en haut de l’Olympe, il faut remonter à ses premières foulées en Algérie : « dès mon âge j’aimais beaucoup le sport. D’ailleurs j'ai été basketteuse à l’âge de 12, 13 ans... A l’âge de 19 ans, je me suis remis à l’athlétisme. » Elle pratique le sprint jusqu’à l’âge de 25 ans. Elle court le 100 mètres en 11 secondes 6 centièmes et le 200 mètres en 23 secondes 5 centièmes soit (presque) l’équivalent des records nationaux algériens. « Très rapide » elle n’a toutefois pas la vitesse pour briller au niveau international.
C’est la rencontre d’un homme, Amar Benida, qui change son destin. L’Algérien est lui-même athlète mais surtout il entraine « il m’a dit impossible le sprint ! Ta morphologie elle n’a rien à voir avec le sprint. Il m’a fait un test au 800 mètres, j’ai fait 2 minutes (les derniers Jeux Olympiques se sont gagnés en 1min55 ndlr) ». Elle se tourne alors vers le demi-fond et en particulier vers le 800 et le 1500 mètres.
Mais bien loin d’être seulement l’entraineur qui lui a « tout appris », Amar Benida devient également son mari. « Au terrain c’était l’entraineur, mais à la maison c’était le mari » souligne-t-elle. Pour atteindre le haut niveau elle s’entraine sans relâche, « sans pitié ».
Nouria Merah-Benida, championne olympique à Sidney en 2000
Crédit : Activ Radio
Un titre olympique qui change tout
A partir de 1995, l’armoire à trophées commence à se garnir de médailles continentales voire internationales avec un titre sur les Jeux Panarabes, puis en viendra un autre sur les Jeux méditerranéens en 1997. Suivent deux médailles d'argent sur les championnats africains.
Mais si elle s’entrainait déjà dur, pour les Jeux Olympiques 2000 elle met les bouchées doubles : « j’avais 29 ans et attendre quatre ans de plus c’était beaucoup pour moi. J’avais appris la leçon des Jeux Olympiques d’Atlanta (en 1996), comment les gens s’entrainaient... Alors je me suis dit "pourquoi pas moi ?" »
Lors des séries, elle prend la deuxième place avant de remporter sa demi-finale. Sur la ligne de départ, elle a la quatrième performance mondiale de l’année et n’est pas la grande favorite. Mais « je me suis dit c’est le moment, il faut y aller, je ne veux rien savoir, il n’y a personne, c’est moi qui gagne aujourd’hui ! ». Sur le tartan, elle reste bien dans le peloton avant d’attaquer à 120 mètres de la ligne d’arrivée : « c’était long... Je ne voulais pas attaquer parce que c’est un peu risqué, il y avait trois filles meilleures que moi. Je n’attaque pas à 300 mètres, pas à 200 mètres et à 120 mètres, c’est le déclic ! Je me dis c’est le moment ! »
Nouria Merah-Benida raconte sa victoire aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000 :
A l’arrivée, elle lève aux ciels, elle est championne olympique. « C’était un honneur de représenter mon pays. Cette médaille et ce sport ont fait changer ma vie. Mon peuple était très reconnaissant. Convaincre un peuple, c’est extraordinaire, ça n’a pas de prix. »
Nouria Merah-Benida explique l'aspect mental pour remporter les Jeux Olympiques :
Une fin de carrière marquée par les blessures
A presque 30 ans, Nouria a touché le sommet de sa carrière. En 2006, elle glane ses deux dernières médailles au plus haut niveau aux championnats africains dans une fin de carrière marquée par les blessures à répétition. En particulier les fractures de fatigue dû notamment à un manque de matériel de récupération.
Mais ses dernières années sont surtout marquées par la naissance de sa première fille « J’étais très très heureuse et ça m’a beaucoup aidé ! Notre corps est différent des autres femmes mais j’ai bien géré et je n’ai pas eu de complications » raconte-t-elle avant d’ajouter dans un éclat de rire « ma fille quand elle est née, ils m’ont dit "on voit un bébé musclé, ce n’est pas possible !" Je te jure elle était musclée ! »
Au moment de raccrocher les pointes (chaussures d’athlétisme) sa vie est restée intimement liée à la course à pied. Elle devient par exemple membre du Comité Olympique Algérien en 2017, elle est ambassadrice de la fondation Peace and Sport et continue de distiller ses conseils à certains athètles. « Ce sport m’a tellement donné, le sport est tout pour moi » raconte-t-elle avant de conclure « le sport c’est la paix ».
L'interview complète de Nouria Merah-Benida :