Roannais Agglomération : le point sur la crise de l'exécutif

Publié : 5 décembre 2024 à 6h17 par Fabien Zaghini

Yves Nicolin lors du conseil communautaire
Yves Nicolin lors du conseil communautaire

Enième épisode de la crise qui règne dans l'exécutif roannais jeudi dernier lors du conseil communautaire : l'intercommunalité a élu deux nouveaux vice-présidents suite à la démission de Philippe Perron (maire de Villerest) et Jade Petit, déjà démise de sa délégation à la Ville de Roanne en septembre dernier. Des répliques du séisme provoqué par le suicide de l'ex cheffe de cabinet d'Yves Nicolin Nathalie Goutorbe.

Suicide d'une collaboratrice proche, menace de plainte de la famille de la défunte, signalements d'élus pour des soupçons de conflits d'intérêts, lettre ouverte dans la presse, enquêtes de médias nationaux (Médiapart, Le Figaro) : le second mandat d'Yves Nicolin à la tête de la Ville de Roanne et de Roannais Agglomération n'est pas de tout repos pour le premier édile, à qui il est reproché par certains une pratique du pouvoir ne laissant pas de place au débat. C'était le message porté par Philippe Perron et Jade Petit jeudi dernier à la mairie de Villerest, les deux derniers démissionnaires de l'exécutif communautaire en anticipation du vote qui devait les destituer ce jour-là en conseil. L'ancien vice-président en charge du développement économique et de l'emploi et de l'ancienne vice-présidente dédiée à la culture et à la communication avaient invité leurs collègues à sécher le conseil communautaire – 26 n'y ont pas participé sur 83 élus – pour marquer leur désaccord avec le fonctionnement de l'intercommunalité.

Un suicide, une lettre ouverte, six élus en retait forcé

Le déclencheur ? Le décès de Nathalie Goutorbe le 19 juin dernier, qui avait laissé une lettre posthume à ses enfants et fait fuiter des situations de conflit d’intérêts visant Yves Nicolin. Fin août, six membres des exécutifs de la Ville et de l’Agglo signaient une lettre ouverte adressée au Pays Roannais exprimant leurs interrogations face aux causes de ce drame. Quatre seront destitués de leur délégation par le conseil municipal deux semaines plus tard (Catherine Dufossé, Fanny Fesnoux, Fabien Lambert et Jade Petit). Même destin pour les vice-présidences de Dominique Bruyères, Philippe Perron et Jade Petit à Roannais Agglomération, c'est à dire l'ensemble des élus cosignataires.

Trois signalements au procureur de la République de Roanne à propos de possibles conflits d'intérêts

Mais la «chasse aux sorcières» dénoncée par ces derniers ne s'est pas arrêtée là. Le 30 mai dernier déjà, le maire du Coteau Sandra Creuzet-Taite avait été démise de sa vice-présidence à l'Agglo en raison de son opposition à Yves Nicolin, et surtout de son signalement à la Justice à propos de l'attribution du marché de maîtrise d'ouvrage du futur centre aqualudique de Riorges. Un "article 40" qui n'est pas le seul effectué par des élus roannais ; l'ex-adjointe Catherine Duffosé a également révélé récemment dans les colonnes du Pays Roannais avoir effectué un signalement concernant le jury d'un chantier mené à Roanne. Au printemps 2023, c'est le groupe d'opposition Collectif 88% qui avait ouvert le bal avec un premier signalement auprès du procureur de la République de Roanne, pointant des doutes sur des cessions immobilières et le marché de délégation de service public des transports.

Le 29 septembre dernier, Médiapart s'est intéressé aux affaires roannaises dans une enquête autour du suicide et des révélations de Nathalie Goutorbe. Renforçant le climat délétère autour des exécutifs roannais.

«En termes de démocratie locale, nous faisons déjà beaucoup»

En marge du vote des nouveaux vice-présidents jeudi dernier, Yves Nicolin a réaffirmé son ouverture au dialogue à travers les conférences des maires et les conférences de territoire. «La parole est libre (aux conseils communautaires)» a-t-il clamé, estimant par ailleurs que «cet exécutif [...] est soudé [...] et solidaire». Et ajoutant : «En termes de démocratie locale, nous faisons déjà beaucoup». Il a également répondu à la critique concernant l'expression «Quand on est en désaccord, on s'en va ou on ferme sa gueule».

Dans le même temps à Villerest, Philippe Perron pointait devant la presse le procédé aboutissant à sa mise en retrait, dénonçant la loyauté larvée de certains élus communautaires, tandis que Jade Petit affirmait son souhait désormais de se concentrer sur sa reconstruction personnelle. «J'ai zéro agenda politique, je n'ai pas d'envie tout de suite, j'ai plutôt un dégoût.»

Philippe Perron : «Nous n'avons pas le droit à la parole»
Jade Petit : «On a mis de la morale dans nos actions politiques»
Yves Nicolin : «C'est pas facile de tenir face à tout cela»

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