La maison de santé du Chambon-Feugerolles… sans médecin

"C’est la grande préoccupation aujourd’hui, à savoir que les médecins généralistes manquent sur ce territoire." Jean-Marc Benaiche, référant de la maison de santé du Chambon-Feugerolles, alerte sur le désert médical que connaît sa commune. 12 000 habitants pour seulement 5 médecins libéraux, dont 2 qui quitteront leurs fonctions dans les prochains mois. Au total, ce sont 500 patients qui se retrouvent sans praticiens au Chambon-Feugerolles.

La Région a prêté main forte à Jean-Marc Benaiche pour que cette maison de santé voie le jour. Ils ont participé à hauteur de 150 000 euros pour couvrir 40% des frais d’aménagement. Cette maison médicale se situe juste au-dessus d’une pharmacie, en face de l’Hôtel de Ville. Depuis septembre 2023 il est donc possible pour les Chambonnaires de prendre rendez-vous avec des infirmiers et des ostéopathes, mais pas encore avec des généralistes. Face à ce désert, une campagne de recrutement est lancée depuis plusieurs semaines. Une grande banderole est même affichée sur la façade de cet établissement.

Jean-Marc Benaiche est inquiet face à cette absence totale de praticiens. "On s’attend à une recrudescence des appels au samu et chez les pompiers dès lors qu’il n’y a pas de prise en charge médicale les pathologies peuvent s’aggraver. Nous, les pharmaciens, évidement on accueille dans nos missions de plus en plus ces gens en premier recours de soin, mais ça ne suffit pas. La prise en charge médicale est obligatoire."

"C'est ce qui nous garde un peu la tête hors de l'eau" 

Sur le département de la Loire, et notamment sur Saint-Etienne, le Président de l’ordre des médecins de la Loire, Jean-François Janowiak tente de relativiser. Grâce à la faculté de médecine implantée dans la ville aux 7 collines, Saint-Etienne ne devrait pas être confrontée à une pénurie.

"On sait qu’environ 60 ou 70% des médecins qui sont formés à Saint-Etienne vont s’y installer. C’est un peu ce qui nous garde la tête hors de l’eau. Dans certains départements il n’y a plus personne parce qu’il n’y a pas de fac et que personne ne veut repartir dans un endroit où il n’y a plus de médecins, où l’hôpital local a fermé, où les urgences ont fermé, où les lignes de Samu ont fermé, … Il faut un entourage vis-à-vis d’un médecin. Il lui faut des pharmaciens, des infirmières, des kinés, il lui faut un certain nombre de structures pur réadresser les patients en fonction de leurs pathologies. Il y a certains territoires où une spécialité n’existe plus sur tout le département."

Ces déserts médicaux, selon Jean-François Janowiak, la France les doit à un numerus clausus trop restrictif ces dernières années. La Région Auvergne-Rhône-Alpes tente de venir en aide aux territoires touchés par ces pénuries de généralistes. Dans les zones en tension, six médecins libéraux vont pouvoir toucher une aide "de primo installation", pour un budget de 46 760 euros selon la Région. Une aide qui sera touchée par le praticien s’il s’engage à rester pour une période de 2 ans minimum dans la zone nécessiteuse.

"Je m'adresse à toutes les bonnes âmes"

Au Chambon-Feugerolles, zone d’action complémentaire [une zone où le revenu du médecin libéral est fixé à 8 000 euros par mois minimum], Jean-Marc Benaiche lance un appel à l’aide.

« Je m’adresse à toutes les bonnes âmes qui pourraient éventuellement nous donner du temps médical. La maison de santé est prête à les accueillir. Je m’adresse évidemment à des nouveaux retraités, qui pourraient nous déléguer une ou deux journées. Je m’adresse également à des médecins en maison médicale et qui pourraient avoir du temps libre. »