Dissolution des ultras stéphanois : "les Magic représentent notre quotidien, c'est un idéal qu'on défendra jusqu'au bout."

"D'un point de vue purement affectif, on est touché. On peut se dire qu’à tout moment, le prochain match à domicile, sera le dernier avec la bâche Magic Fans à Geoffroy Guichard. Après presque 35 ans d’existence, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui pourraient tirer un trait sur cette histoire." Corentin est l'un des capos et porte-parole des ultras du Kop Nord. Face à la menace qui plane sur son groupe, et des Green Angels, pensionnaires du Kop Sud, il appelle à la mobilisation pacifique ce samedi 29 mars.

Un étau resserré

Les Green Angels et les Magic Fans sont dans le viseur du ministre de l’Intérieur depuis décembre 2024. Au départ, 9 groupes de supporters étaient ciblés par une menace de dissolution. L’étau s’est ensuite resserré sur 5 collectifs, puis 3 : les Magic Fans, les Green Angels et la Brigade de la Loire (Nantes). Et récemment, Bruno Retailleau s’est rétracté et a laissé une chance aux supporters nantais de trouver des solutions.

"Quand on lit le contenu du dossier, c'est essentiellement de faits de violences qui sont reprochés. La plupart ne concernent pas le groupe dans sa totalité. Pour d'autres, les faits ont déjà été jugés et des individus interpellés et jugés par un tribunal. Donc des sanctions individuelles sont possibles. Ce qui prouve aussi que lorsque l'on veut faire de l'instruction individuelle c'est possible, mais aujourd'hui, on tape sur les groupes, car la manoeuvre est purement politique", ajoute Corentin.

Au final, il ne reste que les deux groupes ultras sous la menace, les 2 appartiennent à l'ASSE. "C’est une mauvaise réponse à une vraie question. Ce couperet qui tombe, en visant principalement Saint-Étienne, je ne le comprends pas vraiment. Je suis derrière les supporters", affirme le maire de la ville, Gaël Perdriau. L’édile de droite n’est pas le seul élu local à monter au créneau pour soutenir les ultras stéphanois.

Un soutien unanime

"L’enjeu est bien évidemment de garantir la sécurité dans et aux abords des stades. En revanche, le fait de procéder à la dissolution de groupes de supporters n’apportent rien en termes de sécurité publique, voire risque d’aggraver des situations puisque quand on perd des interlocuteurs identifiés. Nous n’aurions alors plus aucun relais pour gérer les foules, organiser les déplacements à l’extérieur ou régler un certain nombre de comportements individuels répréhensibles", ajoute Pierrick Courbon, député socialiste de la Loire.

Son homologue de LFI Andrée Taurinya a, elle aussi, apporté son soutien, tout comme l’USS, l'Union des Supporters Stéphanois, qui se questionnent. "Pour nous, c'est choquant que ces groupes de supporters soient visés par ces procédures.  Normalement, elles visent des groupes "ultra violents", ce qui n’est pas le cas de Green et des Magic (sic). On peut se poser des questions quant aux choix des groupes visés", affirme Jean-Guy Riou, également membre de l’instance nationale du supportérisme.

L’ASSE, de son côté, s’est exprimé via son président. "Le club s’oppose fermement à cette mesure", peut-on lire dans un communiqué. Certains joueurs se sont aussi emparés de leurs réseaux pour transmettre un message de soutien.

Vers un recours européen ?

Les Green Angels et les Magic Fans passeront devant la commission nationale consultative de prévention des violences lors des manifestations sportives le 1^er avril.

"Si l’avis est défavorable, on saisira immédiatement le conseil d’Etat et on n’exclut pas derrière de saisir les juridictions européennes en matière de droit de l’homme et de l’association." Corentin, porte-parole du groupe ultra de la tribune Nord ajoute : "les Magic Fans représentent notre quotidien, nos semaines et ns week-ends, notre façon de penser et de supporter. C’est un idéal qu’on défendra jusqu’au bout."

Les Magic Fans regroupent 1 800 membres. Eux et les Green Angels ont par ailleurs reçu le soutien de plus de 100 autres groupes de supporters. Une manifestation est notamment prévue ce samedi 29 mars, en amont du match contre le PSG. Il devrait regrouper les supporters, mais aussi de nombreux élus locaux. Une manifestation que les Magic Fans veulent pacifique et sans débordement. Tous les regards sont maintenant tournés vers le 1^er avril.

Contacté, le ministère des Sports nous a orienté vers celui de l'Intérieur, qui n'a pas répondu à notre sollicitation.