Dry January : "On ne se lève pas un matin en étant addict à l’alcool, c’est quelque chose qui se construit dans le temps."
Publié : 2 janvier 2025 à 9h30 par Amandine Rousset
Le Dry Januaru, défi de janvier, ou mois sans alcool, est lancé. L’année dernière, ce sont plus de 5 millions de Français qui y ont participé. Un psychologue d’un centre d’addictologie stéphanois insiste sur l’utilité de ces jours d’abstinence.
"Pour Laurent Karila, qui est un psychiatre spécialisé en addictologie, la dépendance est l’incapacité à se retenir de consommer. On ne se lève pas un matin en étant addict, que ce soit à l’alcool ou à autre chose, ça se construit et s’installe dans le temps. Il y a plusieurs paliers", explique Robert Parize, psychologue au Centre Rimbaud de Saint-Étienne.
L’association Rimbaud est un centre d’addictologie, qui accueille toutes personnes ayant besoin de questionner leur rapport à l’alcool, ou alors qui sont en difficulté et pensent être dépendants. Une sorte d’évaluation est ensuite réalisée pour orienter les personnes en fonction de ce qu’elles recherchent.
Le mois sans alcool, ou Dry January, ou encore défi de janvier, est organisé dans un objectif de réduction de consommation d’alcool. La règle est simple : pendant 31 jours, il ne faut pas boire une goutte d’alcool. Dans l’idéal bien sûr. Certains tiennent le mois entier, d’autres ne le font que sur une semaine ou deux, etc. L’année dernière, 5.1 millions de Français y ont participé.
"La cible du Dry January sont les personnes qui se situent entre un "usage simple" de l’alcool et ceux qui ont une consommation à risque. C’est-à-dire les Français qui consomment souvent lors de soirées, de fêtes, qui multiplient les apéros. Ceux qui peuvent s’en passer mais qui sentent qu’ils perdent en liberté. L’idée du dry January, c’est de faire une pause et de voir, quels sont les effets de cette non-consommation volontaire. C’est une approche motivationnelle, donc non ce n’est pas la personne qui est dépendante, qui est ciblée, car ça pourrait être dangereux pour elle", affirme le psychologue du CSAPA (Centres de Soin, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie).
Et d’ajouter :"on le fait pour soi en priorité. Les effets du défi de janvier sont immédiats. On les voit sur les économies qu’on réalise sans acheter d’alcool, sur le sommeil, on a quelques fois des regains d’énergie, on dort mieux. La santé mentale et physique sont aussi avantagées, notre corps a besoin d’une pause après les fêtes de fin d’année où nous sommes souvent dans l’excès."
Construire une communauté autour de la sobriété
Ces 31 jours d’abstinence d’alcool permettent aussi de questionner les consommateurs sur la boisson qu’ils vont prendre, comme des soft drinks ou des boissons désalcoolisées. Cela va aussi pointer du doigt l’omniprésence de l’alcool dans notre société : les apéros, les repas entre amis ou en famille.
Robert Parize insiste aussi sur l’importance de ne pas traverser ce défi de janvier seul, "le but est de construire une communauté autour de cette sobriété." Le psychologue en a aussi profité pour rappeler quelques numéros importants en cas de besoin. Le site internet alcool services et infos peut permettre d’avoir des renseignements nécessaires, des documents de prévention, etc. et il possible de joindre des personnes de ce site au 0 980 980 930. L’équipe de liaison en addictologie du CHU de Saint-Étienne (ELIA) est aussi là pour répondre à vos questions au 04 77 12 75 80. Et enfin, le centre Rimbaud de Saint-Étienne est joignable au 04 77 21 31 13.