Les urgences de Feurs ferment : flou total pour le personnel
Publié : 3 avril 2023 à 6h26 par Nicolas Georgeault
Le Centre hospitalier de Feurs
Crédit : google maps
Ce lundi, les urgences de Feurs vont fermer en raison de l’application de la loi Rist qui touche à la rémunération des médecins intérimaires. Un conseil de surveillance est également organisé à Montbrison, une manifestation aura lieu devant la sous-préfecture à partir de 8h30.
Décision brutale et choc pour le personnel
Le 24 mars, le couperet tombe. La décision de fermer les urgences de Feurs est prise par Edmond Mackowiak le directeur du centre hospitalier du Forez (qui réunit Feurs et Montbrison).
La situation provoque la colère des soignants. Dès le lendemain, ils sont près de 500 à se mobiliser devant les urgences. Des membres du personnel hospitalier, de la population et des élus. « D’un point de vue humain ça se passe très mal. Le projet est précipité. On est passé en peu de temps d’un projet médical avec des perspectives à la fermeture complète. Les agents ne sont absolument pas préparés, sidérés. Quand vous passez dans le service des urgences, vous avez des gens en pleurs » raconte Hervé Perret, délégué syndical CGT aux urgences de Feurs.
Depuis lundi dernier, des rassemblements sont organisés tous les soirs réunissant entre 100 et 300 personnes selon les syndicats. Le conseil de surveillance n’y échappera pas afin de « faire part de l’incompréhension concernant cette décision brutale ».
La lutte contre le « mercenariat » a provoqué le retrait de la moitié des médecins
Si la décision de fermer les urgences a été prise c’est que le personnel manque. La moitié des médecins urgentistes sont intérimaires et ne souhaitent pas continuer. Rémunéré à la mission, la loi Rist plafonne à 1 170 euros (bruts) par jour de garde de 24 heures leur émolument... Contre des sommes qui pouvaient atteindre 3 000 à 4 000 euros avant (même si le chiffre de 1 500 euros est plutôt avancé dans la Loire)
Un moyen de lutter contre le « mercenariat » des médecins intérimaires, qui représente 30% de la profession, selon les porteurs de cette loi. Effet pervers, les principaux concernés se tournent vers le privé malgré une hausse de 20% de la rémunération des gardes actée par le Ministre de la Santé (1 390 euros).
« C’est la bombe qui a tout fait exploser. Mais ce n’est pas tombé du ciel, le syndicat des médecins et les médecins eux-mêmes avaient précisé qu’il n’allait pas se soumettre à cette loi. On aimerait que les médecins participent aux soins sans être dans ces dispositions mais il fallait quand même anticiper les choses » regrette Hervé Perret.
Une relocalisation à Montbrison ?
Tout s’est enchaîné vite, très vite et un grand flou entoure désormais la suite. Car le but est de transférer les agents vers Montbrison mais « on n’a pas de lisibilité précise » explique Hervé Perret avant d’ajouter « il y a eu des entretiens cette semaine mais très peu d’agents se sont positionnés », trop décontenancés par la situation actuelle.
Quid également des missions assurées par les urgences de Feurs ? Là encore un grand flou alors que les services de S.M.U.R, structure médicale d’urgence et de réanimation et l’U.H.C.D, l’unité d’hospitalisation de courte durée et d’urgences « classiques » sont assurées. « Ça me parait risqué pour la prise en charge de l’ensemble des patients » s’inquiète Hervé Perret alors qu’une trentaine de personnes sont soignées à Feurs quotidiennement.
Les politiques locaux tentent d’agir. Jean-Claude Tissot, le sénateur ligérien a envoyé un courrier au Ministre de la Santé, François Braun. Le but est d’essayer de « trouver des arrangements à la loi (Rist) » confie-t-il. Une lettre morte puisque le représentant socialiste n’a reçu qu’un coup de téléphone de la part du cabinet ministériel : « ils ne m’ont dit rien de plus ».
Le Ministre de la Santé a tout de même promis au député LR Jean-PierreTaite (l’ancien maire de Feurs) de se déplacer. Jean-Claude Tissot a promis de son côté de ne rien lâcher : « on a d’autres alternatives pour conserver un service d’urgences à Feurs » martèle-t-il ajoutant qu’« il faut écouter les gens qui travaillent là-bas, organiser une ligne d’urgence, pendant un mois, deux mois et ensuite se remettre autour de la table une fois que les intérimaires urgentistes pourront revenir. » Le sénateur veut faire part de ses propositions lors de ce conseil d’urgence.
Si la loi a un impact direct sur les urgences de Feurs, elle en a un sur tout le pays. D’autres urgences pourraient être menacé dans l’hexagone. La Loire devra de son côté faire face à des flux plus tendus dans certains services dans les prochains mois. « C’est une catastrophe pour le service public hospitalier » résume Hervé Perret.