20 ans d’Activ Radio : la canicule 2003, un fiasco du gouvernement, même si la Loire a été peu impactée

Publié : 20 avril 2023 à 7h30 par Nicolas Georgeault

15 000 personnes sont décédées entre le 1er et le 20 août 2003. Un moment médiatique brûlant, un gouvernement décrié et un impact moins important que l’on ne pourrait le croire dans la Loire.

Le début de la canicule


Les premières chaleurs apparaissent à partir du 3 août 2023. Les températures dépassent les 35 degrés pendant plus d’une semaine et demi et dépasse les 40 degrés pendant au moins deux jours. Nombreux sont pourtant les ligériens à ne pas garder un souvenir précis de cette canicule. « J’ai vécu un été tout à fait normal, rien qui ne m’a marqué comme ce que l’on vient de traverser » confirme cette stéphanoise. « Ça a été une des premières fois où on a entendu parler de réchauffement climatique », se souvient tout de même un ligérien.


Dans les maisons de retraites, un protocole se met alors en place pour éviter notamment la déshydratation provoquée par la chaleur. « Au niveau de la boisson bien s’hydrater, de l’habillage parce qu’ils ont tendance à trop se couvrir, il fallait aussi bien laisser leurs appartements à l’ombre. » Dans les ascenseurs des affiches « rappellent les consignes » rembobine Ewelyne Vincent, aide-soignante depuis 1988 à la résidence du Mail à Firminy (ndlr, résidence où les patients sont semi-autonome à la différence d’un EHPAD).


 « On avait mis en place un protocole pour les désaltérer à longueur de journée. » raconte Valérie D'azevedo qui travaille à l’EHPAD de Terrenoire à Saint-Etienne. L’endroit n’avait pas anticipé la canicule comme à Comme à la résidence du mail « ils l’ont bien vécu et n’ont pas trop soufferts parce qu’ils ne sont pas seuls ici. On avait déjà des salles réfrigérées avant la canicule », raconte Ewelyne Vincent est aide-soignante depuis 1988.


Un échec retentissant du gouvernement


La canicule fait alors la une de tous les médias. « Je n’ai pas un gros souvenir, surtout par les médias », confirme une stéphanoise. « Ce sont les journalistes qui en font quelque chose d’exceptionnel. On a monté ça en épingle », pour un autre habitant.


Le journal de France 2 du 07 août y consacre trois reportages, le 14 août c’est la moitié du 20h qui est consacré à ce thème. Il faut pourtant attendre le 13 août pour que le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin interrompe ses vacances pour lancer le "Plan blanc", un ensemble de mesures de soutien aux services d'urgence. Jean-François Mattei, alors ministre de la Santé juge que les mesures nécessaires ont été prises.


Trois jours plus tôt, le médecin Patrick Pelloux qui dirige les urgences de l’hôpital Saint-Antoine à Paris intervient au JT de TF1. Il dénonce une « hécatombe » dans les services d’urgence. Jean-Pierre Raffarin téléphone à Jean-Pierre Mattei pour lui demander d’intervenir au 20h. Le ministre de la santé s’exécute et réalise un duplex en direct du Var. En vacances dans sa maison familiale, il apparait dans une tenue décontractée. L’image renvoyée provoque une déflagration dans l’opinion publique. « J’ai fait une erreur », admet Jean-François Mattei des années plus tard : « j’aurai évidemment dû rentrer immédiatement à Paris ». 


Les changements


La crise est à peine passée que la chasse aux coupables a démarrée. Dès le 18 août, Le directeur général de la santé, le professeur Lucien Abenhaïm démissionne. Jean-François Mattei conservera de son côté son poste pendant encore sept mois (jusqu’à fin mars 2004).


Au total 15 000 personnes sont décédées sur cette quinzaine d’août, la moitié ont plus de 85 ans. Le chiffre monte à presque 20 000 selon un rapport datant de 2007 qui prend en compte l’intégralité de l’été 2003.


Pour Alain Viallon Professeur et chef de service des urgences au CHU de Saint-Etienne le problème c’est « l’isolement des personnes, âgées, avec des mobilités réduites, sans courage... Ce sont ces personnes-là qui ont souffert de la canicule. Mais ce n’est pas un problème de l’hôpital mais de l’entourage de ces patients fragiles. On a constaté des pathologies en rapport avec la chaleur comme on en a l’habitude. » Il précise avoir eu « trois décès de moins (qu’en 2002) ».


Le son de cloche est différent chez Valérie D'azevedo « il y a malheureusement eu beaucoup de décès. On a mis clims de partout pour ce qui est de la mairie de Saint-Etienne mais les résidents n’aiment pas bien. » Une chose est sure :« on fait plus attention maintenant. » confirment en cœur Valérie D'azevedo et Ewelyne Vincent.


Les enquêtes vont s’enchainer dès 2003. Au total, sept rapports successifs vont être nécessaires pour dresser une fresque de cet échec. La responsabilité des dirigeants est mise en exergue tout comme le système bureaucratique dont la lenteur et les procédures sont décriées.


Il ne faut pas toutefois pas attendre le temps des conclusions pour que celui des décisions interviennent. Dès fin août 2003 un plan d'aide aux personnes âgées est promulgué. Le lundi de Pentecôte n’est désormais plus jour férié mais une journée de solidarité envers les personnes âgées.


La plus grande mesure prise reste toutefois l'adoption d'un plan canicule. Quatre niveaux de gravité indiquent les risques que comporte la canicule. Le niveau 1 appelé « veille saisonnière » est activé automatiquement chaque année du 1er juin au 31 août. Une nécessité alors que les canicules se multiplient.