90 ans de l’ASSE : récit des mythiques poteaux carrés

Publié : 26 juin 2023 à 11h09 par Nicolas Georgeault

Jacques Santini frappe la barre
Jacques Santini frappe la barre
Crédit : ASSE

Le 12 mai 1976, l’ASSE s’incline en finale de La Coupe des champions face au Bayern Munich. A l’occasion des 90 ans du club, récit de ce match mythique qui n’aurait peut-être pas été le même sans des poteaux carrés.

Une équipe rodée aux joutes européennes

La frappe de Dominique Bathenay heurte la barre transversale à la 34ème. Trois minutes plus tard, c’est Jacques Santini qui vient heurter le montant... Carré. Les Verts sont alors en finale de la Coupe de Champions, l’actuelle Ligue des Champions. La plus prestigieuse des compétitions européennes. Ce match c’est l’aboutissement d’une « longue histoire » assure Philippe Gastal, conservateur du musée des verts et historien de l’ASSE.

 « Les joueurs étaient mis dans les meilleures conditions et Robert Herbin a ajouté une préparation physique poussée. A partir de là l’ASSE a franchi un échelon. » Arrivé en 1972, le jeune technicien réalise avec son équipe le doublé coupe-championnat en 1974 et en 1975. Mais surtout c’est le début des grandes soirées européennes.

« Une date fondatrice c’est le 6 novembre 1974 » détaille Philippe Gastal. En huitième de finale, les Verts rencontrent les Yougoslaves de Split. « Après un match très compliqué à Split où l’ASSE a été étrillé 4-1, elle s’impose 5-1 au retour. » Les Verts « décomplexent » le football français ce soir-là. Les Verts vont ensuite battre les Polonais de Chorzow en quart de finale. Mais ils s’inclineront face au Bayern en demi. Déjà.  

A l’orée de cette saison 1976 « on se dit qu’il manque un pallier ». Les Verts effacent tour à tour le KB Copenhague puis les Glasgow Rangers. En quart de finale, ils affrontent le Dynamo Kiev « certainement le plus grand match des 90 ans du club » souligne Philippe Gastal. A l’aller les Verts s’inclinent 2-0.

Au retour, les Stéphanois livrent un grand match et poussent les Ukrainiens en prolongation. Jusqu’au troisième but libérateur de Dominique Rocheteau : « le couvercle de la marmite a sauté, on aurait dit que le sol tremblait sous nos pieds. » décrit Philippe Gastal.

Les Verts éliminent ensuite les hollandais du PSV Eindhoven grâce à une victoire 1-0 à l’aller et un match retour où les verts tiennent le score : 0-0. Ils sont qualifiés pour la grande finale face au Bayern Munich. L’ogre bavarois a remporté les deux dernières éditions.

La grande finale ! 

Avant la finale, la France « devient amoureuse de ce club. Pour avoir assisté à des matchs de championnat à l’époque, les matchs commençaient souvent avec un quart d’heure, une demi-heure de retard parce qu’il y avait trop de monde ! Et on plaçait les personnes sur les lignes de touches ! » conte Philippe Gastal. « Je n’avais rien eu pour mon anniversaire et mon grand-père me dit je te paye le voyage en avion » raconte Eric Junique, 11 ans à l’époque qui s’envole pour l’Ecosse.

Sur la pelouse malheureusement l’ASSE réalise « un bon match mais pas un grand match » selon les mots de Jean-Michel Larqué. Soutenu par 25 000 supporters stéphanois Bathenay frappe la barre à la 34ème minute suivi de près par la tête de Jacques Santini, cinq minutes plus tard.

Les Allemands aussi se procurent d’importantes occasions comme ce but de Muller finalement signalé hors-jeu. C’est finalement sur un coup-franc provoqué par une faute d’Oswaldo Piazza à la 57ème que les Bavarois marquent par l’intermédiaire de Roth. 1-0, le score en restera là, le Bayern réalise le triplé. « J’ai pleuré en sortant du stade, mon grand-père m’a pris dans ses bras et m’a dit il faut pas pleurer » se souvient Eric Junique.

Le lendemain pourtant les Verts défilent sur les Champs-Elysées. 100 000 personnes viennent célébrer l’équipe stéphanoise. Ils sont même reçus par le Président de la République, Valery Giscard d’Estaing.

Les poteaux carrés qui ont repoussés les assauts verts deviennent mythiques avec le temps. Certains assurent que s’ils avaient été ronds, l’ASSE auraient été sacrée. Jacques Santini garantit pourtant que « les poteaux carrés ne sont pour rien à l'affaire » dans l’ouvrage Nos années en Vert. « Rien ne dit que, s'ils avaient été ronds, nous aurions marqué » corrobore Dominique Bathenay. Un débat qui restera éternel mais depuis cette épopée « l’ASSE reste dans le cœur des français » sourit Philippe Gastal. 

les poteaux carrés exposés au musée des verts
les poteaux carrés exposés au musée des verts
Crédit : Activ Radio

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